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Le mythe de la fabrication de l’intelligence existe depuis la nuit des temps. Ce mythe est nourri par les fantasmes populaires autour de créatures qui se retourneraient contre leurs créateurs, ou de la crainte que les robots fassent notre travail à notre place. Dès l’Antiquité, on vit apparaître des histoires autour d’êtres artificiels dotés d’intelligence ou de conscience. Tout a commencé avec le désir d’imiter ou de devenir Dieu. La particularité des mythes est de parler des profondeurs de la réalité par le biais de récits symbolisant des aspects de la condition humaine.  Le mythe du Golem par exemple : dans la mythologie juive, c’est un être artificiel, humanoïde, fait d'argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre, façonné afin d'assister ou défendre son créateur. Il y a aussi Pygmalion et Frankenstein, l’un des grands mythes liés au monde des créatures artificielles. Ce mythe du Golem (et les autres) continue de nourrir les peurs et les fantasmes de ceux qui ont peur des robots et de cette super intelligence. 

Intelligence artificielle ou augmentée ? 

Pour Luc Julia,  ingénieur et informaticien français, "les oiseaux de mauvais augure qui nous prédisent un monde où les robots prendraient le pouvoir et nous domineraient ou ceux qui nous font miroiter un monde dans lequel l’IA résoudrait tous nos problèmes, nous racontent tous n’importe quoi et risquent de porter la responsabilité d'un troisième hiver de l’IA qui nous guette aujourd’hui." Pour le créateur de Siri, l’IA n’existe pas. Si nous devons garder cet acronyme, l’IA ne doit plus signifier intelligence artificielle mais intelligence augmentée. 

D'après Luc Julia, les véritables dangers de l’IA et des robots viennent donc de nous, humains. C'est nous qui décidons de créer et de programmer délibérément des robots tueurs par exemple, ou des chatbots racistes. La solution réside dans la régulation mais le risque est de casser l’innovation. Il y a donc un équilibre subtil à trouver."

 

On perçoit toujours la technologie comme quelque chose de néfaste pour l'emploi. Il y a des chiffres de l'OCDE qui sont assez parlants : 14 % des métiers vont être remplacés par des robots, ça représente quand même 66 millions d'emplois.

On entend souvent dire que les robots vont remplacer nos emplois, mais il faut savoir que les pays les plus robotisés sont ceux dans lesquels il y a le moins de chômage. Au Japon , il y a des centaines de milliers de robots. En Europe, c’est en Allemagne qu’il y a le moins de chômage, et ce sont pourtant eux qui ont le plus de robots. Les vraies questions qui se posent, en matière de technologies sont d’une part politiques et d’autre part, liées à la répartition des richesses. Est-ce que ceux qui travaillent dans la Silicon Valley et qui maîtrisent et créent la technologie continuent d’enrichir et les autres de stagner, ou est que ces richesses produites vont au contraire être mieux distribuées ? La technologie crée des métiers, à haut revenus en général, et la question est de savoir comment partager tout ça. La question du partage des richesses se pose depuis la nuit des temps, mais je crois que nous sommes arrivés à un point où celle-ci ne peut plus être différée. 

Vous ne pensez pas que l'intelligence artificielle peut représenter un danger, qu'elle peut un jour prendre le dessus sur nous, sur nos cerveaux 

 

Toutes ces technologies nous fournissent une aide qui vient amplifier notre humanité, et augmenter nos capacités physiques ou intellectuelles, mais elles ne peuvent en aucun cas les remplacer. Le robot ne prend pas d’initiatives. Il n’a pas d’idées propres, il faut ce qu’on lui dit de faire, il est programmé pour ça, il emmagasine, il recrache. Un point, c’est tout.  Il n’y a pas d’IA qui échappe à notre contrôle et va précipiter notre extinction, il y a une intelligence augmentée, qui doit bénéficier d’une juste régulation, afin qu’elle puisse appuyer et soutenir notre propre intelligence. L’IA est là pour faciliter nos décisions, pas pour les prendre à notre place. Ce sont les humains qui gardent le contrôle, l’empathie et le sens commun, car ce que nous apprenons aux machines ne sont rien d’autre que des règles et la connaissance du monde, ce qui n’est certainement qu’une infime partie de l’intelligence. De la même manière que la machine à vapeur ou l’électricité ont bouleversé et changé le monde, l’IA aura ce type d’impact sur nos vies sur le long terme. Néanmoins nous avons toujours tendance à surestimer l’effet d’une technologie à court terme et à la sous-estimer à long terme. C’est pour ça qu’il est d’autant plus important que le pouvoir politique mette en place des règles qui favorisent son développement, sachant qu’elle est là pour amplifier notre intelligence. Grâce à cette amplification, nous aurons de meilleurs moyens de transport, une meilleure médecine, un meilleur environnement, une meilleure santé. bref une vie meilleure ! Qui nous apportera sans doute plus de satisfactions et nous permettra d’être plus en lien les uns avec les autres, ainsi qu’avec notre environnement. 

L’intelligence c’est avoir la capacité de créer quelque chose qui n’existe pas. Or, un ordinateur ne crée rien tout seul. On nous dit qu'il compose des morceaux de musique, peint des tableaux, ou écrit des livres. Mais il le fait avec des logiciels à qui on a fourni des codes et fait ingurgiter des tas de données qu’il recrache. L’idée originale, intelligente, vient du programmeur qui a pensé à mélanger les tableaux de Van Gogh avec des photos aujourd’hui. De celui qui a su découvrir les thèmes musicaux de Mozart pour les appliquer à des musiques qu’il n’a jamais écrites. Le résultat est de la copie, pas de la création. La véritable création, c’est d’avoir pensé à utiliser des choses qui existent déjà, pour recréer artificiellement les émotions qui se dégagent des œuvres originales.

 

Nous devons nous éduquer et éduquer la jeunesse, afin d’acquérir un esprit critique et de disposer de suffisamment d’éléments pour remettre en question ce que nous entendons, que ce soit optimiste ou pessimiste. Quand un homme âgé tombe par terre dans la rue, notre humanité fait qu’on va l’aider à se relever (en tout cas je l’espère) alors qu’une machine programmée pour traverser la route continuera à traverser en l’évitant soigneusement et sans se soucier de lui. C’est en comparant l’IA à l'intelligence humaine qu’on s’aperçoit à quel point l’IA se concentre sur un domaine d’activité et néglige le vécu, la sensibilité, l’assimilation d’expériences en un mot, la multidisciplinarité.  

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